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Leur voix porte. Écrivaines, ces femmes ouvrent, par les mots, une autre voie. Forte et revendiquée, leur identité singulière nourrit un puissant sentiment d'entente.

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  1. COMME NOUS EXISTON
    Kaoutar Harchi
    Kaoutar Harchi est chercheuse en sociologie. Inutile de lui raconter des histoires, elle a du répondant : l’histoire des représentations sociales, elle connaît. Autobiographique, son récit éclaire son chemin d’enfant de l’immigration post-coloniale, en France, dans les années 1990, auprès de parents attentifs et aimants. Reflet d’une courageuse ténacité, son parcours tissé d’anecdotes qui n’ont rien d’anodin révèle au grand jour, pour qui ne les connaîtrait pas, les violences du racisme systémique, les rapports de pouvoir de classe, de genre et d’origines qui sculptent le devenir de ces enfants. Kaoutar Harchi n’a rien d’une laissée pour compte. Les comptes, elle les fait et les refait, jusqu’à en demander inlassablement et en faire son métier d’intellectuelle critique, animée par un désir de justice et d’égalité qui jamais ne s’altère. En donnant, au grand jour, les clefs de son vécu, ses douleurs, souvent, ses abimes, parfois, Comme nous existons éclaire sa détermination généreuse, apte à faire désormais figure de repère pour celles et ceux qui en ont, plus que jamais, besoin.
    Éditions Babel / Actes sud. 140 p. 7,40 €

  2. LA RÉSISTANCE DES BIJOUX
    Ariella Aïsha Azoulay
    Traduit de l’anglais par Jean-Baptiste Naud
    « Contre les géographies coloniales » précise le sous-titre de ce livre aussi inattendu que saisissant afin que le lecteur ne s’oriente pas d’emblée vers une destination décorative. Des bijoux, il en est ici bien question : fragments d’histoire familiale, photos trouvées, collections d’objets pillés dessinent une juxtaposions de territoires et de cultures qu’Ariella Aïsha Azoulay déconstruit en deux récits mêlant autobiographie et éclairage politique. Il n’est en réalité pas question de puzzle établi à travers le prisme du colonialisme mais de restauration d’une entièreté de l’identité revendiquée et réparée : un tissage, une orfèvrerie de la vie d’une richesse et d’une pluralité structurelles, inaliénables. Bijoux traditionnels, fragments de vie, histoires singulières  - mais largement partagées, en deça des récits familiaux -, portent la volonté de l’auteure de mettre en perspective le colonialisme français en Algérie et sioniste en Palestine. Porté comme le collier de ses ancêtres, patiemment restauré, son nom témoigne de l’enchevêtrement historique des modes de vie juifs, arabes et berbères : une appartenance, une résistance. Grâce à cet ouvrage ciselé, plus que jamais d’actualité, la musique délicieuse du bijou est bien là. Elle résonne, quoiqu’il advienne, et nous tient en éveil.
    Éditions ROT-BO-KRIK. 233 p. 15 €

  3. TOUT PLAQUER
    Anne Humbert
    Ne pas s’y méprendre. Il ne s’agit pas, dans ces pages brèves qui vont droit au but, de se la raconter en mode développement personnel  « il faut que je déserte pour me réaligner ». Pas du tout. L’intérêt de cet essai, c’est de considérer que « la désertion ne fait pas partie de la solution… mais du problème ». Enfin, on y est. Prendre la question dans le bon sens. Anne Humbert n’y va pas de main morte quand il s’agit d’argumenter, et nous nous sentons autorisés à dire que ça nous fait des vacances. Une bouffée d’air frais, régénérant. « Les défauts qui nous pèsent sont souvent structurels (de la société)», par exemple. Ça n’a l’air de rien, mais en fait, c’est essentiel. La désertion, cette désertion, n’a rien d’un acte subversif : elle repose même « sur un imaginaire néolibéral individualiste et inégalitaire », précise l’auteure. Nommée Le monde à l’envers, cette maison d’édition remet les idées en place. Avec Tout plaquer, pas question de tout plaquer, surtout sur des modèles consensuels et vains qui entretiennent l’illusion d’une autonomie. On se mobilise pour les autres, au cœur de notre vulnérabilité partagée, et c’est très bien ainsi.
    Éditions Le monde à l’envers. 54 p. 5 €

  4. MERLE, MERLE, MÛRE
    Tamta Mélachvili
    Traduit du géorgien par Alexander Bainbridge et Khatouna Kapanadzé

    Le titre s’élève dans l’air ambiant, chant de mots dont l’allitération nous enchante. Pour autant, pas la moindre mièvrerie à l’horizon. Tamta Mélachvili a un étourdissant sens du rythme qui jamais ne faiblit ! Mené tambour battant, son récit de femme qui prend un virage à 180 degrés dans sa vie après avoir failli tomber dans le fleuve en cueillant des mûres, nous étourdit et nécessite, dès lors, de faire une pause, de prendre son temps, le sien, le nôtre, afin d’assimiler cette prose d’une force toute géorgienne. Sens dessus dessous, notre esprit, à moins que ce ne soit, précisément, nos sens emportés par ce tourbillon, ne sait plus où donner de la tête dans cette histoire d’émancipation, au fin fond de la Géorgie. Tant de détails du quotidien, d’observations, d’échanges verbaux, de sensations intimes ! De présence, dense. Féministe, l’auteure l’est assurément, son style puissant et son sujet en témoignent. Ils nous régénèrent. Aucun effet de séduction, aucun détour : il s’agit de tracer sa route d’amour, de peur, de mort. C’est direct, cru, passionnel, sans ambages. Un roman qui résonne et qui ne s’oublie pas.
    Éditions Tropismes. 237 p. 22 €
  5. DEMAIN EST UN AUTRE JOUR
    Keum Suk Gendry-Kim
    Traduit du coréen par Keum Sur Gendry-Kim et Loïc Gendry

    Un coup de cœur. Pour le dessin, fort, délicat, magnifique. Pour l’histoire, forte, délicate, magnifique. Auteure de bande dessinée coréenne reconnue, Keum Sur Gendry-Kim offre dans ce bel album un récit profondément personnel : une femme, elle-même, face à l’incapacité biologique de devenir mère et la souffrance qui en découle, celle de l’attente, et puis du renoncement. Sensible, palpable, vibrant avec subtilité, ce roman graphique enfante au-delà de l’imaginaire, voire de l’imaginable : sa force symbolique imprègne chaque dessin, en noir et blanc à l’exception de l’épilogue en couleurs, au point de convoquer, au-delà d’aujourd’hui et demain, une onde d’associations tout autant corporelles que mentales. Ici réside la singularité du talent de Keum Suk Gendry-Kym. Dénudée, sa quête ne se contente pas de nous toucher, elle vient à nous et nous emporte, en tant que femme liée ou non à la maternité mais, également, en tant qu’homme présent tout au long des épreuves, dans une aspiration très douce à la vie. À l’amour.
    Éditions Futuropolis. 224 p. 26 €