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L’édition prend ses responsabilités écologiques avec ces ouvrages de réflexion qui, lentement mais sûrement, nous conduisent droit au but : changer notre angle de vision, faire évoluer nos comportements, dédier nos énergies douces à la planète.

L’EAU
Charlène Descollonges
Heureusement que l’auteure est ingénieure hydrologue. Sa fonction nous rassurerait presque. On sort tellement stupéfait·e de la lecture de cet essai que l’on cherche tout de suite des branches auxquelles se raccrocher. D’où la sécurité apportée par le sérieux de la formation et de l’expérience de Charlène Descollonges. La question de la disponibilité de l’eau douce, ressource absolument essentielle à la vie, ne risque plus de déserter notre esprit : impossible de l’évacuer sous prétexte de confort immédiat après avoir lu cet ouvrage. Faits et chiffres à l’appui, la démonstration de sa raréfaction se lit en retenant son souffle. Et ne laisse pas indemne. Adieu l’inconscience et la désinvolture !
On ne peut plus consommer à tout va l’eau qui commence à faire cruellement défaut dans nos rivières et nos nappes phréatiques. La pédagogie du propos ne laisse aucune porte de sortie : oui, on a bien saisi l’urgence de la situation, et oui on prend une grosse vague dans la figure. La collection "Fake or Not?" remplit parfaitement sa fonction d’information étayée. Plus salutaire que ce livre mené tambour battant, ça n’existe pas.
Éditions Tana. Collection Fake or not ? 120 p. 13,90 €
TENDRE VERS L’EAU-TONOMIE
Pierre / Mouton-Résilient
Si vous vous attendez à feuilleter un guide sur l’art et la manière d’économiser l’eau sans trop s’investir dans le sujet, ce n’est pas cet ouvrage qu’il vous faut. Ici, on ne survole pas le sujet : on s’y plonge. Il s’agit de devenir autonome. Autrement dit de savoir dans le détail comment poser la problématique de l’eau, sa raréfaction, et comment y remédier à son propre niveau, concrètement. On ne se le cache pas : il faut tout lire, s’abreuver à cette fontaine de connaissances et d’expériences liées à l’eau dans la perspective d’arrêter le gaspillage, de récolter et stocker l’eau de pluie, et la rendre potable. L’auteur entre très vite dans le vif du sujet : comment fonctionne le cycle naturel de l’eau, le réseau d’eau courante et, plouf, on nage dans la première partie, "récupérer l’eau de pluie pour sa consommation quotidienne". Sous formes d’astuces, de mises en garde, de photos et d’illustrations, les bouées techniques sont prévues en nombre pour nous tenir à flot. Le lecteur comprend vite qu’il va lui falloir changer de logiciel interne s’il ne veut pas se retrouver à sec d’ici peu : le changement climatique ne lui fera pas de cadeau. Quand nous disons "lui", nous signifions "vous" et "nous". Les informations de ce manuel, contrairement à l’eau dans un futur proche, ne semblent pas près de se tarir. Dans ces pages, la générosité coule de source, sous conditions de motivation. Une proposition : on y va un pas après l’autre. Parce que, sur la question de l’eau, il va falloir tenir la distance !
Éditions Marabout. 191 p. 19,90 €
LES SAUVAGES
Nadar & Julien Frey
À la fois documentaire scientifique sur les espèces animales en danger et récit intime, autobiographique, d’une relation père-fille (Julien et Joanne Frey), voilà une bande dessinée par Nadar qui vise large. Et atteint son objectif. Sa sincérité s’y révèle au premier plan, et c’est bien elle, un moteur, qui soutient la démarche de l’auteur déterminé à voyager jusqu’en Indonésie pour répondre à l’attente de son enfant interpellée par le sort des éléphants de Sumatra ou des dragons de Komodo, et à faire éditer son récit. Les éditions Futuropolis l’ont fait, et ils ont bien fait. On se projette totalement dans cette aventure, sur fond de pandémie de Covid 19, que le Professeur Johan Michaux, directeur de recherche au FNRS (l’équivalent belge du CNRS) encadre, à la fois sur le terrain et dans le livre, avec une attention éclairée de tous les instants. Destruction des forêts, production d’huile de palme, braconnage, commerce illégal… L’Homme est à 100 % responsable des profonds déséquilibres écologiques qui le font courir, à vive allure, à sa propre perte. Il va falloir du courage pour relever des défis de cette taille. À force de tendresse et de lucidité, ce livre réussit à nourrir, sans risque de saturation, la conscience des plus jeunes et des adultes au nom de laquelle pourrait se dessiner un avenir durable pour les sauvages, humains et non-humains, menacés de disparition.
Éditions Futuropolis. 152 p. 22 €
ESCAPADES VERS LE VIVANT
Alice d’Orgeval
Photographies : Fred Lahache
Illustrations : Alaïs Raslain

Qu’on ne s’y trompe pas ! Ce livre n’est pas un guide de voyage comme les autres. Sa richesse se révèle incomparable et on ne se lasse pas de découvrir les prolongements des adresses nature sélectionnées par l’auteure. L’envie d’approfondir toujours plus le contact initial ne nous lâche pas, et elle finit par nous habiter. Plus qu’une escapade, il s’agit d’une aventure. Des adresses mais, aussi, des rencontres, des expériences, des questionnements écologiques et philosophique. La biodiversité dans toute sa splendeur se voit ici soutenue et nourrie par des acteurs du vivant inspirants, à l’activité singulière passionnante, comme celle de Jean Thoby, "l’homme aux camélias" chers à Chanel qui, dans le Sud - Ouest fait jouer de la musique à ses plantes favorites par transmission de leur activité électrique. Des chants vibratoires dans lesquels excellent les fougères dans leurs serres de concert. Chaque escapade s’articule ainsi, de maillons en maillons, qu’ils soient gastronomiques, hôteliers, artistiques, animaliers, mais toujours écosystémiques, à une initiative écologique portée par de précieux éclaireurs et ancrée dans une dimension vivante, à portée de découverte sensorielle et intellectuelle. Connections humaines et reconnexions à la nature garanties.
Éditions Voyages Gallimard. 304 p. 25 €
Moins, c’est moins !
Mathias Plüss
Illustrations : Till Lauer
Traduit de l’allemand par Géraldine Chantegrel

Faire les bons choix au quotidien afin de réduire son empreinte climatique, c’est possible. Et c’est surtout souhaitable, à moins d’irresponsabilité écologique irréversible. Non pas que ce soit toujours simple, loin de là, car les questions que nous nous posons révèlent des sous-questions en tiroir qui ont vite fait de nous décourager. C’est ici qu’intervient ce petit guide qui incite en réalité à une consommation plus sobre, plus consciente, plus épanouissante. Un livre anti éco-anxiété, en quelque sorte. Aux yeux de l’auteur, le maître mot est "moins". Sans détour. Sans acceptation de ce "moins", ce sera toujours "plus" en terme d’empreinte climatique et, au passage, de déclin de la biodiversité. Quand il s’agit de choisir entre une bière en cannette ou en bouteille pour réduire votre propre empreinte, que choisissez-vous ? La réponse est : rien. On renonce à la bière. Allez voir du côté du chocolat afin de vous donner une chance de ne pas tomber dans la frustration durable. De A comme Achats en ligne à Z comme Zéro emballage, Mathias Plüss (le jeu de mot par rapport à « moins » ne fonctionne pas en allemand, sa langue natale), vous explique dans de courts chapitres comment ne pas vous tromper au moment de faire vos choix dans votre vie de tous les jours. Un conseil :
emportez ce petit livre avec vous dans les soirées entre copains et abordez quelques uns de leurs thèmes de prédilection, à définir à pile ou face. S’ils vous en veulent, vous saurez pourquoi. Même si c’est pour leur bien et celui de la planète. Nous, ce livre, on y adhère à 100% ! Pas moins.
Éditions Salamandre. 160 p. 18 €
Les échos logiques
Thierry(s) Dutoit, Gauquelin, Perez, Tatoni. Illustrations : Margaux Bidat
Quatre auteurs, chercheurs, écologues à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine (IMBE) questionnent les relations homme-société-environnement. Qu’en pensent-ils ?
N’y aurait-il pas là matière à critique ?
À remise à l’heure, par souci d’efficacité écologique, des pendules de notre vision et de nos actions souvent très aléatoires au regard de la profondeur des enjeux ? De leur logique ? À la lecture des 26 chroniques de cet ouvrage collectif, l’impact du changement climatique sur les populations, les écosystèmes et les ressources ne peut plus nous échapper. Chacun des chercheurs s’attache, dans de courts chapitres accessibles à tous, à expliquer en quoi les fausses solutions mises en œuvre sur la planète avec une (bonne ?) volonté qui frise parfois la naïveté infantile ou la désinvolture absolue, reviennent à mettre un pansement sur une jambe de bois. Interactions : le maître mot coupe court aux initiatives partielles qui ne prennent pas suffisamment en compte les lois de la biodiversité en tant que corps global vivant. L’absence de volonté politique des dirigeants s’apparente dès lors à un silence assourdissant. Si l’on ne ressort pas vraiment optimiste de cette passionnante lecture, on y respire toutefois une telle intelligence que notre esprit s’en trouve encouragé à soulever des montagnes avant que leurs neiges ne nous fondent sur les pieds.
Éditions Actes Sud. 128 p. 24,90 €
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