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OUVRIR SON CŒUR. On ne l'ouvre jamais assez, notre cœur, bien que nous ayons tout à y gagner. C'est là que se trouve la clé de l'altérité. Et de la liberté à laquelle contribue généreusement la lecture.

ISRAËL PALESTINE. UNE TERRE POUR DEUX.
Gérard Dhôtel. Mise à jour : Véronique Corgibet.
À cœur ouvert. Ne nous le cachons pas, cette guerre au Proche-Orient ouvre les plaies conscientes et inconscientes que nous portons au creux de nos choix sensibles, éthiques et humanistes. Le titre de ce livre documentaire, théoriquement destiné aux plus jeunes à partir de 14 ans, donne immédiatement le ton de la justesse. “Une terre pour deux” : tout est dit, et mérite cependant d’être argumenté, documenté, ce que ne manquent pas de faire Véronique Corgibet, dans cette mise à jour du livre de Gérard Dhôtel aujourd’hui décédé, au regard de l’actualité.
Depuis ses origines historiques jusqu’au génocide d’aujourd’hui, en passant par les étapes des 80 dernières années dont les deux Intifada, la construction du mur de séparation, l’attaque du 7 octobre, le “conflit” (un euphémisme) se voit ici disséqué et mis en perspective avec une précision aussi rigoureuse que saisissante. Des dates, des chiffres, des croquis attentivement légendés : il s’agit ici non seulement d’être juste mais, également, de rendre justice, et le pari impossible est parfaitement tenu.
Comment ont-ils fait ? Le lecteur averti se le demande tant le débat, comme s’il y en avait un, est passionnel. Gérard Dhôtel et Véronique Corgibet l’ont fait, l’un après l’autre, et l’on en reste stupéfait·e. S’il est un livre que toutes les bibliothèques, toutes les écoles, devraient avoir sur leurs étagères, c’est bien celui-là. On se sent très fragile à le lire, et aussi très fort de savoir que nous ne sommes pas seuls à privilégier la culture et le recul qu’elle implique pour informer, transmettre, éduquer. Le sujet n’en finit pas de l’exiger.
Éditions Actes Sud Jeunesse. 128 pages. 16,90 €
JOAN BAEZ DIT NON À L’INJUSTICE
Murielle Szac. Illustrations : Jeanne Detallante.
Les protest songs de Joan Baez ont ancré dans l’esprit de toute une génération des années 70, interpellée par la montée de l’impérialisme américain, les racines de la lutte contre l’injustice. Non seulement Joan Baez a chanté ces combats mais elle les a portés au-delà des frontières des États-Unis grâce à une voix puissante, claire, et à un vibrato unique. Ce roman graphique, totalement dans le ton de l’époque, mené de main de fan de la première heure, une certaine Nicole, illustre avec une justesse saisissante les fondements politiques et sociaux de l’engagement de la chanteuse, guerre du Viet-Nam en toile de fond majeure.
Alternance d’images psychédéliques et pop en pleine page ou de planches, en couleur ou en noir et blanc afin detemporaliser le récit : l’illustratrice Jeanne Detallante rythme la vie de Joan Baez, déroulée par Muriel Szac, de chansons devenues chants de protestation universels, célèbres protest songs non violents que les adolescents et les jeunes adultes découvriront dans la profondeur de leur contexte historique.
Tout commence à Woodstock, en août 1969, et se prolonge au côté de Martin Luther King lorsqu’il lance à la foule “I have a dream”, de Bob Dylan qui partagea sa vie, fait un arrêt à Hanoï, dans un abri anti-aérien, au Laos auprès des boatet land people qui fuient à tout prix leur pays, comme tant de réfugiés du sud-est asiatique. Elle milite sans relâche, consacre son temps et sa notoriété à faire entendre la voix des peuples opprimés par l’Amérique. Au fil des pages, Nicole, fidèle, se souvient de ces années, commente, continue d’admirer, jusqu’à l’épilogue aux cheveux grisonnants de ce roman fort incarné par une femme à jamais référente, destiné à encourager la poursuite du combat pacifique, comme à la première heure : dire haut et fort “non à l’injustice”.
Éditions Actes Sud. 72 pages. 18,50 €
DERNIÈRES FOIS
Maija Hurme
Émotions intimes partagées avec une sensibilité délicate autour de ce qui se termine, prend fin, disparaît : toutes ces dernières fois qui jalonnent la vie des parents, des jeunes enfants éveillent en chacun·e des réminiscences sur lesquelles il fait bon broder des récits, lors de lectures du soir ou du jour partagé.
“Les dernières fois avant que tout commence”, “Une dernière fois tant attendue”, “Une dernière chose qui prend son temps”, “Les dernières petites impatiences”, … : dans cet ouvrage subtil venu de Finlande, la conscience des dernières fois décrites et illustrées une sobriété propice aux mises en perspective plus personnelles, donne au présent une saveur douce et intense que les enfants goûteront avec d’autant plus de bonheur que les adultes qui les accompagnent sauront la valoriser avec une tendresse implicitement porteuse d’ouverture vers le futur.
La dernière fois que nous avons parcouru un album pas comme les autres et que nous l’avons aimé…
Éditions Rue du Monde. 40 pages. 18 €
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