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L'INTERVIEW
Ramens & CO
Cheynese
Photos : Alie Suvélor
Cheynese, c’est une planète à elle toute seule. À 19 ans à peine, elle maîtrise sa cuisine vegan jusqu’à la partager comme une pro qu’elle est sur Instagram, Tik Tok et, maintenant, dans un livre. Aux éditions La Plage, en plus ! La consécration. On ne regarde pas ses recettes comme on regarderait les autres : on plonge dans son univers pour en ressortir avec un appétit d’enfer, une humeur au beau fixe, et une volonté farouche de faire comme elle sans attendre. On a tellement envie de découvrir ses nouilles, salades, rouleaux, et sauces asiatiques sous toutes leurs coutures 100 % végétales qu’on se demande si, finalement, on aurait autre chose à faire de nos journées ! Vous êtes prévenus : Cheynese transmet une énergie positive détonnante. Elle a tout bon.
Éditions La Plage. 120 p. 20 €

Cheynese

Le véganisme ?

L’ADN d’une saine gourmandise

Un parcours culinaire vegan singulier, issu d’une forte inspiration artistique : Cheynese veut changer le monde, son monde, la planète. À sa façon, incroyablement créative, elle agit pour "recoller les morceaux".
D’où vient votre passion pour la cuisine ?
Ma passion pour la cuisine s’est naturellement développée quand je suis devenue vegan. Tout est allé très vite. Je suis de nature curieuse et très manuelle : j’adore créer ! Alors en y réfléchissant, je ne pouvais qu’aimer en m’y intéressant ne serait-ce qu’un petit peu. Je me suis vite aperçue que j’avais une certaine facilité à cuisiner et à véganiser les recettes au quotidien.
Comment avez-vous découvert la cuisine vegan ?
Après avoir regardé le film “What the health” sur Netflix, toute ma perception de la nourriture a changé. Je ne savais plus quoi manger. Comment le manger ? Par quoi le remplacer ? Et j’en passe. J’ai commencé à faire de simples recherches sur Pinterest par exemple, je prenais des images (sans même enregistrer les recettes), et j’essayais de reproduire les assiettes. C’est à ce moment-là que ma passion pour la cuisine est venue : je me suis rendu compte que j’adorais ça ! Je fais de la couture, du dessin, de la peinture, du tatouage… beaucoup de choses manuelles, finalement. De ce fait, cela revenait au même pour moi de créer les plats, les assembler, changer la texture, les couleurs, etc… J’ai donc essayé plusieurs types de cuisine en faisant beaucoup de recherches à chaque fois : sur le Mexique, l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud, le Liban… Et l’Asie ! Vrai coup de cœur pour l’Asie : c’est vaste, j’aime autant la nourriture chinoise qu’indienne où vietnamienne.
Que signifie, pour vous, le véganisme ?
Le véganisme, c’est ma façon de “me” créer un monde plus juste : envers moi, envers les animaux, ou notre planète. Je veux juste recoller les morceaux, arrêter les massacres d’animaux, la consommation abusive de viande.
Pourquoi un livre sur les ramens ? Vous avez un faible pour ce plat ? Comme pour votre huile piquante ?
Les éditions La Plage sont venues vers moi avec ce projet, et quand ils me l’ont proposé, cela a été pour moi une évidence d’accepter ! Je voulais faire découvrir à toutes les personnes qui se plongeraient dans ce livre des recettes méconnues et pourtant naturellement vegan pour certaines, et d’autres plats plus originaux que le classique ramen que l’on connaît !
Le Konggksu, par exemple, un ramen très rafraîchissant avec une base de lait de soja que l’on déguste très souvent en été en Corée, ou bien le Mi Xao Gion, des nouilles cuites puis frites (oui oui !). Elles deviennent ultra dorées et croustillantes. On n’a plus qu’à les arroser de sauce et de légumes sautés : cela ramollit les nouilles tout doucement et on a un jeu de texture incroyable en bouche. Ces recettes méritent d’être proposées au plus grand nombre.
Ahhh… mon huile piquante, mon véritable péché mignon et le péché mignon de toute personne qui la goûtera, dès la première bouchée ! On devient ACCRO et je pèse mes mots. J’ai des abonnés qui la mangent seulement avec du pain, ça me fait beaucoup rire mais je ne suis pas étonnée : elle se suffit à elle-même J’en mets absolument partout dans n’importe quel plat, bouillon, sauté… Elle regorge d’umami et de texture, c’est simplement de l’ail infusé avec du gochugaru, du sésame, une généreuse pincée de fleur de sel, et de l’huile. On chauffe, et ça envoie !

Quels sont vos ingrédients favoris ? Pourquoi ? Et vos recettes préférées ?
Si je devais choisir une poignée d’ingrédients pour cuisiner, je prendrais sans hésiter l’ail (mon obsession), le miso, la coriandre et une bonne huile d’olive du Maroc. Sans oublier, évidemment, la classique sauce soja et le kimchi ! La sauce soja et le miso vont avec absolument tout. J’ai tendance à dire que si l’on veut relever la saveur d’un plat, on doit se munir de ces deux-là et, booom, ça passe à un autre "level" ! Le kimchi, c’est un légume fermenté au piment, ça se mange avec absolument tout et sous toutes ses formes : sauté, en soupe, en crêpe, seul, avec des nouilles, du riz (avec des falafels, c’est très coquin, attention)… peu importe ! Et c’est une bombe nutritionnelle, donc que demander de plus ?
Parlons de l’huile d’olive du Maroc. Elle n’a rien à voir avec aucune autre. Son goût est très fort, très brut, et son odeur, je n’en parle pas ! On la sent avant de la voir, c’est le cas de le dire ! Chez moi, au Maroc, on la mange au petit déjeuner avec un bon morceau de pain grillé, et on l’ajoute aussi à toute sorte de plats. Elle a le goût du Maroc.
C’est très compliqué pour moi de définir mes recettes préférées mais je ne dirais jamais non à un bon dhal de lentilles, une assiette de falafels bien chaude, de la bissara (soupe de pois cassés marocaine, ndlr) arrosée d’huile d’olive, des nouilles dandan (nouilles traditionnelles chinois, ndlr) épicées comme il faut et qui baignent dans une bonne sauce, ou même simplement un bon banh mi.
Ces recettes n’ont rien à voir les unes avec les autres. Certaines, comme la bissara, sont très simples et se préparent avec une poignée d’ingrédients alors que d’autres, comme les nouilles dandan, ont besoin de plus de temps, de soin, d’assaisonnement… mais je les adore !
Vous vous définissez comme "vegan et tatouée". Vos encres de tatouages sont-elles vegan, ainsi que les produits de soin liés au tatouage ?
Je suis très fière de mes tatouages. Je les ai tous réalisés moi-même et, effectivement, mes encres et mes produits liés au soin du tatouage sont vegan. C’est très facile de trouver un salon de tatouage qui utilise des produits vegan. Parfois, ils ne le précisent pas, alors c’est important de demander ! J’ai commencé à m’intéresser aux tatouages à la même période que celle où je suis devenue vegan. J’aimerais un jour en faire un métier ★